Que ces vérités sont rares, et qu’elles sont agréables à entendre.
De manière inattendue, le deuxième débat de la primaire des socialistes s’est orienté vers des débats périphériques à la société française. Non pas des débats mineurs, mais des débats qui ne concernent pas directement le chômage, ou la sécurité, ou d’autres thèmes auxquels nous sommes habitués. Pour une fois, c’est le nucléaire, sa pertinence, qui se sont trouvés au cœur des interrogations des candidats. Situation exceptionnelle tant le nucléaire est un tabou dans ce pays qui a fait dans ce domaine un choix d’une ampleur inégalée par rapport aux autres pays de la planète. Et puis, c’est la consommation de cannabis qui a fait l’objet d’échanges assez directs entre les sept aspirants à la présidence de la République. Dans les deux cas, des choses simples se sont dites.
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Sur le cannabis, cette évidence: la prohibition, ça ne marche pas. C’est tellement vrai. Le cannabis, on peut légitimement s’en désoler, est devenu un produit de consommation courante, une forme de plébiscite quotidien et populaire. La hauteur de la vague est telle qui ni la police, ni la justice n’en vie dont jamais à bout. La demande est telle qu’elle légitime des trafics, de la corruption et gangrène des quartiers entiers de nombreuses villes françaises.
Nous pouvons continuer longtemps à nier ces évidences. Nous pouvons espérer longtemps que cette consommation s’éteindra d’elle même. Nous pouvons faire longtemps semblant de croire que l’ordre et la discipline viendront à bout de ce fléau. Nous savons qu’en pensant cela nous nous racontons des histoires.
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Admettons donc cette vérité toute simple, entendue hier soir sur le plateau de cette étrange primaire: la prohibition, ça ne marche pas. Et partons d’elle pour construire un autre rapport avec cette drogue populaire qui tue, corrode et corrompt parce que nous la laissons aux mains des trafiquants.
Le nucléaire est une fierté française. C’est le général qui l’a décidé, monsieur, alors il n’y a rien à dire. Donc nous ne disons rien des centrales qui vieillissent, que nous maintenons à flot à coup de milliards et qui nécessiterons des milliards pour leur remplacement dans dix ou vingt ans. Nous ne disons rien de leur déconstruction périlleuse, démantèlement dans le jargon d’EDF, avec cette manipulation à haut risque de l’uranium enrichi, puissamment radioactif pendant des centaines de millions d’années. Une monstruosité léguée aux générations futures qui ne nous donne même pas mauvaise conscience. Nous ne disons rien, enfin, du coût faramineux de la mise en place et de l’entretien de cette filière qui conduit l’électricien national, EDF, l’entreprise la plus populaire de France selon ses dirigeants, au bord de la débâcle financière à cause d’un endettement monstrueux.
Lors du débat donc, l’un des participants a tenté d’ébrécher le dogme. On parle d’indépendance à propos du nucléaire, a-t-il dit, alors même que l’acquisition de l’uranium qui fonde cette énergie nous rend atrocement et dangereusement dépendants. La mort d’Areva, géant de l’atome, orgueil national, nous l’a montré de manière spectaculaire, hélas dans l’indifférence générale.
Peu importe le bout par lequel nous déconstruirons le mensonge du nucléaire, dont nous aurons tellement honte dans les prochaines décennies. Il faut commencer ce travail maintenant et la première pierre posée lors du débat des socialistes doit être célébrée comme le sont toutes les pierres blanches des grands édifices en devenir.
L’enthousiasme ne doit pas occulter la réalité. Les forces du conservatisme (cannabis) et du conformisme (nucléaire) demeurent trop puissantes pour que s’ébrèchent sérieusement ces mensonges qui nous coûtent si cher. Cependant, des petites graines ont été posées sur le sol, et l’on ne compte plus dans l’histoire le nombre de colosses tombés du piédestal à cause de toutes petites graines un jour devenues grandes.