LA PRÉSIDENTIELLE DES BRAS CASSÉS

Le premier tour de l’élection présidentielle se déroulera dans dix semaines. L’occasion de dresser un tableau rapide des participants au grand rendez-vous politique que le peuple français se fixe à lui-même tous les cinq ans.

En tête des sondages, ce qui ne veut rien dire mais passionne tous ceux qui assurent que cela ne veut rien dire, nous trouvons Marine Le Pen. Son programme est un programme de rupture, notamment avec l’Europe et avec l’euro. L’insécurité financière et économique qu’il propage contribue à rendre son élection difficilement imaginable. A ceci s’ajoute le plafond de verre contre lequel butte le Front National à chaque élection, et qui se matérialise dans l’impossibilité qui est la sienne de réunir plus de 50% des suffrages au second tour.

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Longtemps, le candidat des Républicains, quel que soit son identité, a été présenté comme le prochain président de la République. Cela résultait de l’effet mécanique de l’alternance qui joue à chaque élection présidentielle depuis 1981. C’est ainsi qu’Alain Juppé a pu se rêver en président de la République et qu’après lui François Fillon, grand triomphateur de la primaire, a pu imaginer s’assoir dans le fauteuil convoité. Là dessus, ce sont invités les emplois d’assistants parlementaires de son épouse et de ses enfants. François Fillon a donné le sentiment d’avoir abusé d’un système opaque et est apparu contourné et dissimulateur dans ses explications, ce qui a accru le malaise qu’il prétendait dissiper. Désormais, il dénonce un complot, au motif qu’il dérangerait un prétendu système.Tout ceci ébrèche son image publique, faite jusqu’ici de rigueur et de sérieux. Sa perte de puissance électorale est évidente, sans que personne aujourd’hui ne soit capable de la quantifier. L’imaginer président dans le sillage des désordres provoqués par ces abus familiaux devient délicat. C’est ainsi que ce qui paraissait acquis, l’élection du candidat des Républicains, semble aujourd’hui beaucoup plus incertain.

La merveille de ce scrutin porte un nom: Emmanuel Macron. Dénué de toute expérience solide des affaires de l’Etat, mais fort du culot de ceux qui nourrissent les plus hautes ambitions sans s’en cacher, l’ancien ministre de l’économie, 39 ans à peine sonnés, draine dans son sillage un contingent d’électeurs suffisamment important pour l’imaginer qualifié au second tour de l’élection présidentielle. Les inconnus le concernant sont néanmoins nombreuses. Son programme est un assemblage de banalité et de généralités. Nul ne sait s’il résistera à la râpe de la campagne électorale. L’équipe qui l’entoure, censée investir l’Etat en cas de victoire, apparaît squelettique. Tout ceci nourrit une incertitude sur la solidité de sa candidature, et sur la confiance qu’elle pourrait distiller, notamment en vue d’un hypothétique second tour de scrutin.

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Jusqu’où peut grimper Benoit Hamon? Candidat désigné par la primaire des socialistes et de leurs maigres alliés, il recueille pour l’instant une masse inespérée d’intentions de vote. Le phénomène est tel que les dirigeants socialistes qui jugeaient son programme inapplicable mettent leurs doutes en sourdine et attendent de voir ce qui peut se passer. Cet opportunisme est d’ailleurs une marque du socialisme français, où les convictions n’ont jamais pesé lourd face à la tactique. Quoi qu’il en soit. Benoit Hamon figure parmi les poids lourds de ce scrutin, même si jusqu’à présent, personne, à part mon voisin, n’imagine sérieusement son élection à l’Élysée.

Jean-Luc Mélenchon joue à fond la carte de l’insoumission. Pour qui prétend devenir président de la République, la position est assez cocasse. Entre deux colères feintes et trois coups de menton sincères, il essaie de faire valoir un programme qui prendrait tout aux riches et donnerait tout au pauvre. Simple à comprendre, et facile à expliquer quand on possède son talent de tribun. D’où vient alors le sentiment que personne ne voit Jean-Luc Mélenchon élu dès le premier tour, et pas grand monde non plus au second? Certains mystères politiques dépensent même les chroniqueurs politiques, pourtant payés (grassement) pour tout expliquer.

Marine, François Emmanuel, Benoit et Jean-Luc suscitant chacun autant d’enthousiasme qu’un dentiste prêt à vous arracher trois dents, on se demande bien qui pourrait susciter une once d’envie pour ce rendez-vous électoral que le monde entier nous envie. A l’heure où ces lignes sont écrites, François Bayrou hésite encore, quand Nicolas Dupont-Aignan s’affiche certain de triompher de toute adversité qui se présenterait.

Certains jours, je fais un rêve: celui d’être Belge, parce que là bas, ils ont des frites et de la bière.

 

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