A J-96, L'ÉVENTUALITÉ DU RETRAIT DE FRANÇOIS FILLON

C'est le scénario noir, celui de la catastrophe inimaginable, auxquels réfléchissent désormais de nombreux dirigeants des Républicains.

Plusieurs d'entre eux confient cet après-midi, en privé, leurs doutes sur la capacité de François Fillon à demeurer leur candidat à la présidence de la République. Les maladresses et les approximations de ses proches concernant l'emploi d'assistante parlementaire de Pénélope Fillon ont semé la consternation. Entre ceux qui assurent l'avoir vue à l'Assemblée et ceux qui jurent qu'elle travaillait depuis la Sarthe, l'impression durable du mensonge s'est installé. Pire, l'emploi grassement rémunéré à la Revue des deux mondes laisse craindre à beaucoup des responsables LR la constitution d'un abus de bien social.

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Le malaise général s'est amplifié quand chacun a compris que, jeudi soir, le candidat des Républicains avait été inexact au moment d'évoquer le travail qu'il avait confié à ses enfants. François Fillon a présenté son fils et sa fille comme deux avocats auxquels il aurait confié des travaux, dont il n'a pas précisé la nature, quand il était lui même sénateur. Problème: ses enfants ont prêté serment alors même qu'il ne siégeait plus à la Haute Assemblée, et assumait déjà la fonction de premier ministre.

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Cette inexactitude est perçue parmi les membres de son parti comme le signe d'une panique profonde. Il s'agissait probablement, en évoquant ces travaux confiés à ses enfants, d'anticiper de nouvelles révélations de la presse. Mais la manière dont François Fillon a présenté la situation n'a fait qu'accroître le sentiment d'une fragilité qui pourrait se révéler fatale pour le vainqueur de la primaire des Républicains.

Tout au long de la journée de vendredi, de multiples coups de fil se sont échangés entre différents groupes. Au centre des conversations, cette angoissante question, inimaginable il y a seulement 48 heures: comment et par qui remplacer François Fillon s'il devait renoncer à sa candidature?

Les statuts des Républicains ne fournissent pas de réponse à cette interrogation. Organiser une nouvelle primaire apparaît impossible, le temps et l'argent manquant, et aucune instance ne dispose explicitement d'un tel pouvoir. Si la catastrophe survenait, le Conseil national du parti serait sans doute la seule assemblée à même de désigner un nouveau champion.

Quant à son identité, c'est la bouteille à l'encre. Personne, bien sûr, ne se dévoile à cette étape. Alain Juppé ayant fait savoir par anticipation qu'il ne fallait pas compter sur lui pour relever le flambeau, aucune personnalité ne s'impose pour se lancer dans la course. En tout état de cause, un retrait de François Fillon réduirait à néant toute chance d'accéder à l'Elysée pour le nouveau candidat des Républicains, désigné à la va-vite pour éponger les conséquences d'un scandale.

La prochaine étape du calvaire est prévue dimanche, à Paris. François Fillon avait programmé un grand meeting à La Villette. Il devait, à l'origine servir à relancer sa campagne. Il risque de se transformer en dénonciation, par le candidat, d'une cabale visant à l'abattre, et ce devant une assistance qui sera pour le moins dubitative devant l'évolution des événements.

Cette turbulence majeure n'a pas de précédent dans l'histoire de l'élection présidentielle française. On peut imaginer qu'elle sert les intérêts électoraux d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Sans omettre de noter l'extrême discrétion de cette dernière, elle même empêtrée dans une histoire d'assistants parlementaires au parlement européen.

On peut aussi imaginer les dégâts provoqués dans les esprits, déjà enclins à juger sévèrement des responsables politiques qui réservent les jugements moraux à leurs discours plutôt qu'à leurs actes.

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