SI VERSAILLES M’ÉTAIT RASÉ

Je suis consterné de devoir écrire ceci.

Mercredi soir, lors d’une émission de présentation d’un formidable livre que vous pouvez tous acheter en librairie, On prend les mêmes et on recommence, superbement édité par Flammarion, j’ai dit que je souhaitais raser le château de Versailles.

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Évidement, il s’agissait d’une boutade, incluse dans un raisonnement: ras-le-bol de ces hommes politiques qui croient que la politique peut tout faire, l’époque des grands rois est terminée, cessons de nous croire à des temps qui ne sont plus, s’ils ont jamais été. Ce raisonnement d’ailleurs, est développé dans le livre sus-mentionné.

Quelle n’a pas été ma surprise de voir cette boutade montée en graine , samedi, sur Twitter. Toute une série de gens suspects ont voulu voir en moi un épigone de Daesh, et bien sûr un mauvais Français, un patriote de pacotille, et j’en passe, des plus ordurières et des plus nulles.

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Pas un de ces sbires, bien sûr, n’a relevé la phrase complète: Si je suis candidat un jour à la présidence de la République, ma première mesure sera de proposer de raser le château de Versailles… L’ensemble dit bien, je trouve, le peu de sérieux de la proposition principale. N’empêche…

L’abbé Grosjean par exemple, l’une des stars de Twitter, dont je pensais que la finesse d’esprit était inversement proportionnelle à son patronyme, ne s’est pas départi de son esprit de sérieux pour fustiger ma phrase au nom des Evangiles et de la Nation. Visiblement, on n’enseigne pas l’humour au séminaire.

Un adjoint au maire de Versailles, autoproclamé professeur de philosophie, est monté sur son grand cheval de bois pour relier ma saillie à l’esprit de mai 68, évidement à l’origine, selon ce philosophe endimanché du dimanche, de la décadence de la France. Les moulins à vent de Don Quichotte continuent donc de torturer certains bons esprits dans ce département des Yvelines évidement béni des dieux.

Enfin, je ne saurais omettre dans cette galerie des indignés à trois sous, le journaliste Jean-Christophe Buisson, architecte d’un des innombrables Figaro-quelque-chose, dont l’épaisseur de l’intelligence qu’il s’accorde a depuis longtemps dilaté le crâne. Lui aussi a vu en moi le sous-produit d’une culture révolutionnaire propre à abaisser le génie de l’hexagone et à entacher la culture millénariste qui en est la marque. Beaucoup d’énergie dépensée pour pas grand chose, confrère, mais peut-être la densité de votre emploi n’en requiert-elle que trop peu par rapport à votre production personnelle.

Ce qui m’a surpris, surtout, c’est la hargne et la violence des « patriotes » qui me sont tombés sur le poil. Depuis que les sondages prédisent que Marine Le Pen va entrer à l’Elysée, ils déploient leur sectarisme à propos de tout, et surtout à propos de rien. Pour eux, il n’existe qu’une façon d’être Français, la leur, et ils entendent bien l’imposer à coups de bâton à tous ceux dont la bobine leur déplaît.

L’arrogance, a dit le Sage, est fille de la bêtise. Nous y sommes. Bientôt, ni l’humour ni la dérision n’auront plus droit de cité dans notre beau pays. Du talibanisme ordinaire, en somme, contre lequel il faudra lutter, sans rien céder… Pour l’heure, je vais me détendre et visionner un reportage sur ce magnifique château que Louis XIV se fit construire, il y a longtemps de cela, au sud-ouest de Paris. Une belle bâtisse, en vérité, toujours plaisante à visiter…

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