COMMENT MARINE LE PEN VA (PEUT-ÊTRE) DEVENIR PRÉSIDENTE… C’EST ARITHMÉTIQUE

C’est un fait, Marine Le Pen peut être élue présidente de la République française en mai 2017. Et plutôt que d’égrener les raisons idéologiques, stratégiques ou partisanes susceptibles d’étayer cette affirmation, concentrons-nous sur la seule arithmétique électorale.

En cet automne 2016, les sondages accordent entre 25 et 30% des intentions de vote à la présidente du Front national. Une prévision qui correspond au statut de premier parti de France conquis par le FN lors des élections européennes de 2014 et des élections régionales de 2015.

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Le moment stratégique de la campagne présidentielle se situe traditionnellement aux mois de février et mars 2017. C’est à ce moment là, quand tous les candidats seront déclarés, que l’opinion publique compare, choisi et fixe les grands rapports de forces de la confrontation. Si Marine Le Pen fait une bonne campagne, et il n’y a pas de raisons pour qu’elle en fasse une mauvaise, elle peut augmenter son potentiel électoral de cinq à dix points, se situant ainsi au premier tour dans une fourchette pouvant aller de 35% à 40%.

Ce chiffre n’a rien d’aberrant puisque lors des élections régionales de décembre 2015, Marine et Marion Le Pen avaient dépassée chacune les 42% de suffrages exprimés.

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Fixons pour les besoins de la démonstration le potentiel électoral de Marine Le Pen à 35%, ce qui n’est ni farfelu, ni outrancier, simplement réaliste. Il resterait alors aux autres candidats à se partager un potentiel de voix de 65%. C’est là que tout se joue.

Si l’on intègre au raisonnement un candidat écologiste, un ou deux prétendants trotskistes, un souverainiste de droite, un rigolo tombe de Mars ou de Saturne, il reste un stock maximum de 60% à se partager entre les candidats sérieux qui seront présents au premier tour de cette élection présidentielle française.

Ces candidats importants, représentants des courants politiques significatifs de la vie politique hexagonale, sont au nombre de quatre: le candidat socialiste -Hollande ou un autre-, Jean-Luc Mélenchon, le postulant des Républicains -Juppé,Sarkozy ou Fillon-, ainsi qu’Emmanuel Macron, susceptible de compliquer encore l’équation par son positionnement inédit.

Sous l’influence de divers facteurs, qualité relative des campagnes menées, non renouvellement chez les Républicains, talent personnel de Jean-Luc Mélenchon, attrait de la nouveauté incarné par l’ancien ministre de l’économie, il est probable que la place qualificative pour le second tour se situe à 20% des suffrages, voire moins.

Ceci emporte deux conséquences. D’une part, il peut exister un écart de presque vingt points entre Marine Le Pen et son second. Ce qui peut rendre très incertaine l’issue de second tour.

D’autre part, un niveau de qualification aussi bas pour le second tour ouvre le champ de toutes les hypothèses. Si le candidat des Républicains se montre peu convaincant, ou apparaît usé comme l’est apparu Hillary Clinton lors de l’élection américaine, alors il peut se faire dépasser de quelques milliers ou centaines de milliers de voix par l’un de ses concurrents. C’est ainsi que nous pourrions avoir un second tour Melenchon-Le Pen, ou Hollande-Le Pen, pourquoi pas Macron-Le Pen, alors que nous vivons aujourd’hui dans la certitude d’un second tour Juppé-Le Pen, ou Sarkozy-Le Pen…

Quoiqu’il en soit, et quelle que soit l’identité du second qualifié de l’élection présidentielle, l’hypothèse de le voir triompher apparaît singulièrement faible.

Aucun candidat de droite développant un programme économique libéral ne peut prétendre faire le plein des voix chez ses adversaires. La nature même de ce programme suscitera une forte abstention à gauche. Ce qui pourrait rendre difficile le comblement de l’écart constaté au premier tour entre le candidat des Républicains et Marine Le Pen.

Le raisonnement est encore plus net si par l’effet d’une faiblesse du candidat des Républicains, c’était un candidat de gauche qui se qualifiait pour le second tour. Ni François Hollande, ni Jean-Luc Mélenchon, ne rallieraient en nombre suffisant des suffrages de droite, ou même de l’autre partie de la gauche, pour faire échec au Front national.

Assez curieusement, Emmanuel Macron pourrait bouleverser tous les pronostics. La nouveauté qu’il incarnerait et l’ambiguïté de son positionnement, à cheval entre droite et gauche, pourrait représenter le plus grand danger imaginable aujourd’hui pour la candidate du Front national, forte surtout de l’extrême faiblesse de ses concurrents.

Il y a quelques semaines, j’aimais dire que l’élection du candidat des Républicains à l’Elysée était probable en mai 2017, et celle de Marine Le Pen possible.

Aujourd’hui, j’inverserais les termes. L’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République française est probable, et celle de l’un de ses adversaires possible.

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