Enfer et patates frites!
Les jurés du Goncourt et du Renaudot viennent de rendre leur verdict. La distinction dont ils honorent chaque année un auteur vise à magnifier et glorifier, par l’intermédiaire d’une brillante production littéraire, la culture et la langue françaises.
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Et qui donc ces jurés bien nourris ont-ils distingué ce jour? Leïla Slimani pour le Goncourt et Yasmina Reza pour le Renaudot… Comment? Rien ne vous saute aux yeux? Mais enfin, les prénoms, les prénoms des deux lauréates… Leïla et Yasmina… Mais ce ne sont pas des prénoms français enfin, ni belges, ni allemands… Ce sont des prénoms arabes, oui, bien sûr, arabes, et c’est très grave…
Le plus grand intellectuel français vivant, je veux parler d’Eric Zemmour, a signifié récemment dans un éditorial grotesque l’importance des prénoms français en France. Porter un prénom d’origine étrangère, a-t-il expliqué dans ce texte fumeux diffusé à une heure de grande écoute sur la première radio de France dont le nom rappelle l’origine luxembourgeoise, revient à s’exclure de la communauté nationale.
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Il a dit cela très sérieusement, défendu même ce point de vue devant tous ceux qui le contestaient, et l’a répété aussi souvent qu’il l’a pu devant les foules extatiques qui partout en France achètent son livre sans le lire, et se rendent avec ferveur aux conférences qu’il donne aux quatre coins de l’hexagone qui en compte bien évidement six.
Existe-t-il une activité plus française que d’écrire en français des livres français? Évidement, non. Et Éric Zemmour, qui se pique d’écrire aussi bien que Chateaubriand et aussi brillamment que les frères Bogdanov, a souvent dit que la littérature occupait une grande place dans sa vie. D’où, probablement, j’imagine, je suppute, je conjecture, sa déception, son dépit, voire son dégoût, de voir Leïla et Yasmina récompensées pour une activité intrinsèquement française, alors même que leur prénom, répétons-le, traduisent une hostilité de la France…
On l’imagine, si un jour les amis d’Eric Zemmour, que je qualifie d’intellectuel organique de l’extrême droite dans mon dernier livre mal foutu que vous ne manquerez pas d’acheter, On prend (presque) les mêmes et on recommence, arrivent au pouvoir, ils dissoudront les jurés du Renaudot et du Goncourt, coupable d’une distinction qui rime avec trahison.
Que faire en attendant ce jour qui pourrait venir plus vite que vous ne l’imaginez, car vous manquez singulièrement d’imagination? Eh bien, lire, dévorer, ingurgiter, les livres de Yasmina Reza et de Leïla Slimani, deux femmes formidables qui honorent et magnifient la culture française, démontrant au passage la sottise de ceux qui leur reprochent leurs prénoms…